SHTTL
un film d'Ady Walter
Bande-originale composée par
DAVID FEDERMANN
Sortie nationale le 13 décembre 2023.
SYNOPSIS DU FILM
Été 1941, veille de l’invasion de l’Ukraine soviétique par les nazis.
Dans un shtetl (un petit village) un jeune homme revenu de la ville attise les querelles entre laïcs et religieux et remet en question un mariage prévu quelques jours plus tard.
Ce seront les dernières 24 heures d'un village avant sa destruction lors de l'opération Barbarossa.
Film tourné en yiddish, en noir & blanc, et en un seul plan-séquence.
SHTTL
Durée : 1h52
Société de production : Forecast Pictures
Pays : Ukraine, France
Année de production : 2022
Langue : Yiddish
PRESSE
Monica Donati / 06 23 85 06 18
DISTRIBUTION
Urban Distribution
LA BANDE-ORGINIALE DE SHTTL
Une rencontre entre jazz, classique et klezmer.
La Bande-Originale de SHTTL, composée et conduite par David Federmann, s'appuie sur le talent de plus de 20 musiciens, ainsi qu'une chorale. À noter la participation de prestigieux solistes comme la violoniste Aurore Voilqué (Thomas Dutronc, Rhoda Scott, Sanseverino), le contrebassiste William Brunard (Bireli Lagrene, Angelo Debarre), la harpiste Pia Salvia (Tali Rubinstein, Noam Israeli), la violoncelliste Juliette Serrad (Yael Naim, Piers Faccini, Ibrahim Maalouf), ainsi que le Quatuor Elmire (2ème prix au Concours international de Genève 2023).
La BO se balade entre sonorités klezmer traditionnelles, inspirations classique romantique (Frédéric Chopin), musique répétitive américaine (Steve Reich, Philip Glass), et va même jusqu'à installer un climat impressionniste onirique et jazz (Claude Debussy, Maurice Ravel) à mesure que le la nuit et le rêve s'installe à la fin du film.
BO enregistrée entre Paris, Kiev, Bruxelles et Montréal, disponible le 13 décembre 2023 sur toutes les plateformes d'écoute.
NOTE D'INTENTION DU COMPOSITEUR
Ady Walter est un véritable ami et partenaire de création. J’ai réalisé la bande-originale d'un documentaire qu'il co-écrivait en 2019, mariant jazz et musique classique, et à l'issue de cette collaboration, il me proposa de l’accompagner sur cet ambitieux projet qu’est le film SHTTL : une fable en Yiddish, tournée en noir et blanc, et en plans-séquences. Les dernières heures d’un petit village juif d’Ukraine, juste avant le drame.
Il m'a très vite confié sa volonté de replonger dans le temps, à une heure où les habitants de ce village, qui n'étaient alors pas encore victimes des nazis, allaient pouvoir reprendre vie et joie.
Nous avons, au fil des mois de préparation, longtemps discuté jusqu'à ce que je puisse dessiner les frontières dans lesquelles la musique du film allait s'inscrire.
Un équilibre fin entre musique traditionnelle et modernité. Comme si la musique allait pouvoir suggérer des voyages dans le temps, pour donner au spectateur l'impression que l'histoire qui se déroule sous nos yeux n'a finalement ni âge, ni époque.
La bande-originale de SHTTL se balade donc entre sonorités klezmer traditionnelles, inspirations classiques romantiques (Frédéric Chopin), musique répétitive américaine (Steve Reich, Philip Glass), et va même jusqu'à installer un climat impressionniste onirique aux accents jazz (Claude Debussy, Maurice Ravel) à mesure que le la nuit et le rêve s'installe à la fin du film.
Cette rencontre entre le jazz, le classique et le klezmer prend vie grâce au talent de quelques grands solistes comme Aurore Voilqué (violon), William Brunard (Contrebasse), Pia Salvia (Harpe), Juliette Serrad (Violoncelle), ainsi que du prestigieux Quatuor Elmire. Plus de 20 musiciens, ainsi qu'une chorale, enregistrés entre Paris, Kiev, Bruxelles et Montréal.
À noter enfin la présence dans le film de 4 séquences chantées qui, à la manière d'une comédie musicale, trouvent leurs échos dans la musique.
J'étais, pour se faire, présent sur le tournage en Ukraine, où pendant les scènes de chant, je jouais en direct du piano retransmis aux oreillettes des acteurs, afin qu'ils puissent être parfaitement accordés, en vue de pouvoir cohabiter harmonieusement avec la future musique.
Ma présence sur le tournage fut une expérience bouleversante.
Le fait de voir se dérouler sous mes yeux ces grandes chorégraphies d'acteurs et de figurants, filmés en plan-sequence, dans ce shtetel recréé (pour ne pas dire resuscité), m'a même amené à revisiter la partition.
De retour à Paris je me décidai en effet à reprendre l'écriture de quelques grands thèmes, pourtant déjà arrêtés, car il fallait alors mettre en musique toute cette émotion ressentie. Un mélange d'espoir et de tristesse.
David Federmann
(photo prise sur le tournage / David Federmann)
NOTE D'INTENTION RÉALISATEUR
La vision de ce plan-séquence me hante depuis dix ans. Il s’agit d’un rail circulaire en forme de huit qui passe autour et à l’intérieur d’un village –le SHTTL -rail sur lequel, une fois que la caméra s’y lance pour suivre nos personnages, il n’y a plus de sortie possible. La fin est inscrite dans le dispositif lui-même: l’effacement, la mort sont au bout du chemin, à la fin de ce film qui dure le temps d’une journée. Pourtant c’est une tranche de vie doublée d’une histoire d’amour : simple, universelle comme un Roméo et Juliette ou un West Side Story.
Je voulais que le dispositif filmique et de mise en scène permette l’immersion complète dans le quotidien d’un shtetl à un moment où les bouleversements idéologiques, religieux, politiques et historiques sont nombreux. Car le village juif ukrainien, en cetété 1941 qui lui sera fatal, est loin d’être ce monde immuable où la vie est la même depuis toujours : la superstition, le poids de la religion, les élans mystiques sont encore puissants, tout comme la misère d’ailleurs, mais la modernité souffle par tousles interstices, les fracas du siècle frappent à la porte.
C’est cela que j’ai souhaité saisir : un monde peuplé de villageois rustres et complexes à la fois, de prédicateurs et de fous, mais aussi de travailleurs, de militants, de rêveurs, heureux ou malheureux. Pourtant quelque chose cloche dans ce petit villagetapi au creux d’un bois et bordé d’une rivière trop enchanteresse pour ne pas camoufler le danger qui arrive de tous les côtés : nos personnages le sentent et l’histoire de cette journée est traversée de vents contraires, de visions éprouvées par nos personnages qui annoncent la catastrophe à venir. Un univers en soi qui sera fauché en pleine mutation.
Un village en yiddish s’écrit shtetl. Alors pourquoi le titre SHTTL ? En 1969, un écrivain, Georges Perec, dont la mère mourra à Auschwitz, publie La Disparition, un roman écrit en français où la lettre E n’apparaît jamais, une prouesse a priori impossible dans cette langue. Cette absence est une béance, un vide, un vertige,un gouffre. Avec SHTTL je voulais lui rendre hommage en effaçant une lettre, symbole de la disparition de mes personnages.
La question qui me hante depuis toujours est celle-ci: que se passe-t-il 24h avant la fin du monde ? Sommes-nous saisis par l’angoisse, par des prémonitions apocalyptiques ? Est-ce que comme Mendele, nous sommes soudainement et absolument conscients de l’infinie poésie, là-aussi saisis par la beauté des êtres imparfaits qui nous entourent ? Et finalement, que peut mon cinéma face au désastre ?
Ady Walter